Une histoire du Brexit

Modifié par Edrn

Le 1er février 2020, Guernesey, une dépendance de la Couronne britannique dans la Manche au large des côtes françaises du Cotentin, a refusé aux bateaux français de pêcher dans ses eaux territoriales.

Après l’officialisation du Brexit le 31 janvier 2020, la convention de Londres, qui régissait depuis 1964 les droits de pêche sur les eaux côtières, a expiré. Les pêcheurs normands ont riposté en interdisant à ceux de Guernesey de débarquer leurs poissons en Normandie. L’impact est grand : ce sont des régions et des filières entières dont l’activité économique est menacée. Cédric, marin-pêcheur, exprimait son inquiétude face à la situation à l’occasion d’un reportage de la chaîne TF1 : « Si ça continue longtemps, il va falloir envisager de changer de métier. » La zone interdite décrétée par le Royaume-Uni représente environ 60 % du chiffre d’affaires de Cédric.

Malgré l’accord du Brexit, la question des zones de pêche et de la quantité de poissons pêchés autorisée pour les flottes britanniques et européennes reste l’un des points principaux de tension. Effectivement, ces questions s’annoncent épineuses : le Premier Ministre britannique, Boris Johnson, a rappelé que le Royaume-Uni était « redevenu un État côtier indépendant » et que ses eaux devaient être accessibles en priorité aux bateaux britanniques, menaçant l’activité de Cédric et plus généralement des quelque 20 000 marins-pêcheurs en France. Or, les Britanniques exportent vers le continent plus de deux tiers de leur production. Quant à l’Union européenne, 30 % de sa pêche provient des eaux britanniques.

Sur le sujet de la pêche, le Royaume-Uni semble en position de force, car les eaux et les ressources halieutiques (c’est-à-dire qui concernent la pêche) sont indispensables aux pêcheurs de huit pays européens. En effet, la réduction des zones de pêche pourrait accroître la concurrence entre les pays de l’Union européenne et pénaliser lourdement les consommateurs. Alain, commercial pour la société de pêche JP Marée, alerte : « Moins d’apport de poisson va faire grimper les prix d’au moins 20 %. »

Les Britanniques pourraient alors utiliser la question de la pêche dans les eaux britanniques comme un levier. La pêche serait alors une monnaie d’échange afin d’obtenir des avantages, notamment sur les marchés financiers, dans le secteur pharmaceutique, et, de manière générale, dans divers domaines relatifs au marché unique européen. Plus globalement, cette situation est symptomatique du bras de fer qui oppose l’Union européenne au Royaume-Uni dans les négociations d’un accord sur le Brexit. En effet, le Royaume-Uni tente de jouer toutes ses cartes pour se maintenir dans le marché commun afin de profiter de la libre circulation des biens, des services et des travailleurs, indispensable à sa croissance économique. L’Union européenne, quant à elle, est bien décidée à rester ferme dans les négociations pour éviter que d’autres pays ne suivent l’exemple britannique et ainsi préserver la cohésion et poursuivre l’intégration européenne.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/ses-terminale-specialite ou directement le fichier ZIP
Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0